Je choisis une belle planche de frêne, sortie brute de la scierie, deux mètres cinquante de long et presque cinq centimètres d’épaisseur.
J’en tire cinq morceaux d’une cinquantaine de centimètres de longueur. L’objectif est de les coller pour obtenir quelque chose qui ressemble à un gros pavé.
Mais pour les coller, il faut d’abord faire en sorte que les faces principales soient parfaitement planes. Je passe donc les planches à la dégauchisseuse puis à la raboteuse.
J’encolle les faces et j’empile le tout :
Il faut serrer, fort (car la surface de collage est assez importante) et pendant plusieurs heures (car j’utilise ici une colle à prise progressive). C’est l’occasion de sortir les serre-joints à pompe, chacun va exercer une force équivalente à une masse d’environ une tonne, j’en mets cinq pour répartir la pression sur toute la surface… donc c’est un peu comme si j’avais mis un éléphant d’Afrique sur mon tas de bois !
Je laisse s’écouler 24 heures puis j’enlève les serre-joints :
Bon, pour l’instant ça ne ressemble pas trop à une tour, mais on peut déjà comparer avec une pièce d’échiquier classique :
Ça dépasse de partout, il va falloir égaliser un peu tout ça : déjà couper les extrémités à la scie à ruban :
Argh ! Ça ne va pas passer, j’ai remonté les guides de lame au maximum mais il doit y avoir deux ou trois millimètres en trop.
J’en enlève un peu avec deux ou trois passes sur la dégauchisseuse :
Maintenant ça va aller :
Et voilà une extrémité égalisée :
Même opération pour la deuxième, puis tracé de la future base de la tour :
Pour gagner du temps sur le tour à bois, il vaut mieux dégrossir auparavant donc j’incline la table de la scie à ruban à 45° pour couper les angles et approcher le cylindre :
Quelques minutes plus tard :
Il faut maintenant réaliser l’empreinte pour la griffe d’entraînement du tour à bois :
Et c’est parti, mise en place du bloc sur le banc du tour :
Un petit affûtage pour la gouge à dégrossir, qui va avoir à sortir pas mal de copeaux :
Et on se lance :
Il faut en enlever encore un peu, mais ça commence à ressembler à un cylindre :
C’est fini pour le cylindrage, donc j’attaque au bout, à la gouge à creuser, pour réaliser une prise de mandrin qui permettra d’assurer une prise optimale :
Mise en place du mandrin :
Et je remets tout ça sur le tour, puis j’attaque le façonnage de la pièce :
Creusage du haut de la tour, les créneaux seront faits ensuite à la défonceuse :
Mine de rien ça fait déjà une trentaine de litres de copeaux :
Pour les créneaux, j’utilise la défonceuse sous table, sur laquelle j’ai monté une fraise droite. Il faut y aller doucement, et vérifier souvent où on en est car le travail se fait par en-dessous donc à l’aveugle :
Finalement on y arrive mais l’état de surface laisse à désirer, il va falloir finir à la main : gouges, ciseaux à bois et abrasifs… c’est long mais ça fait du bien aussi de travailler sans le bruit des machines !
Après ponçage minutieux de l’ensemble, j’applique deux couches de bouche-pores puis trois couches de vernis incolore mat avec 24 heures de séchage entre chaque couche.
Et voilà la tour : hauteur 38 cm, diamètre à la base 18 cm, poids approximatif 4 kg… Il ne reste plus qu’à faire trente et une autres pièces et un échiquier adapté, et on pourra faire une partie !
Je la mettrai en vente sur les marchés : ça me paraît un peu trop lourd et volumineux pour de la vente par correspondance !